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Nulle prison n’enfermera ton poème

Avant-propos

À travers l’histoire, on a souvent récité de la poésie dans les moments tragiques et difficiles. Un poème a la force de toucher l’intime. Il résonne dans le cœur des individus et, lors des mouvements pour les droits civiques et les grandes révolutions poétiques, il donne de l’ampleur aux voix de ceux qui protestent.

La poésie a le pouvoir de pousser les gens à rompre le silence face à l’injustice et à l’oppression. Elle est une source d’une inspiration qui nourrit la résistance collective. En tant que poète, je crois profondément que la poésie peut transformer le monde. J’ai la conviction qu’elle a un impact profond sur l’esprit humain.

Pourtant le 15 janvier 2023, quand les Talibans ont décrété l’interdiction de la poésie, le monde qui est le mien s’est effondré. Comment ces autorités ont-elles pu décider d’étouffer ce qu’il y a de plus beau dans l’âme humaine ?

Ce décret ne saurait éteindre le feu de la créativité dans le cœur des poètes. Il est fondamentalement inhumain. La notion même de censure et de répression des arts doit être combattue avec vigueur.

C’est pourquoi j’ai lancé un appel à l’action. J’ai invité les poètes des quatre coins du monde à écrire contre la censure et l’interdiction de la poésie. Je vous conjure de ne pas fermer les yeux sur l’oppression qu’infligent les Talibans au peuple afghan, en particulier aux artistes d’Afghanistan.

J’ai publié mon appel sur mes réseaux et, à ma grande surprise, des poètes de la planète entière ont réagi en exprimant leur solidarité et un soutien sans faille.

Ce mouvement a mené à la création de « Baamdaad, la Maison de la Poésie en Exil », un refuge où des poètes du monde entier se sont unis pour combattre les effets pernicieux de la censure. À travers Baamdaad, les poètes résistent contre l’interdiction d’écrire et de créer faite aux poètes et aux artistes en Afghanistan.

Entre le 15 janvier 2023 et le 15 mars 2023, plus de cent poètes du monde entier ont écrit des poèmes puissants qui dénoncent l’interdiction de la poésie. En Afghanistan, des poètes ont aussi contribué à notre cause avec des mots poignants. L’ampleur du soutien que nous avons reçu a été vraiment impressionnant.

J’en ai été profondément émue. Chaque jour apportait son lot de poèmes écrits par des poètes passionnés qui rejoignaient le mouvement avec une grande détermination. Ils arrivaient des Pays-Bas, du Chili, de France, du Bangladesh, des États-Unis, de Belgique, du Canada, d’Iran, du Japon, du Népal et d’Inde. À maintes reprises, j’ai eu les larmes aux yeux en lisant ces vers, non pas par faiblesse de ma part mais à cause de leur force.

Je dois exprimer ma profonde gratitude à tous les poètes, qui ont fait preuve d’un enthousiasme remarquable et apporté une contribution importante à notre mouvement de protestation.

Ce que vous tenez entre vos mains est la deuxième version de cette anthologie, en français, publiée par les éditions Oxybia. Une première version a déjà été publiée en japonais le 15 août 2023, date du deuxième anniversaire de la chute du gouvernement afghan et de l’arrivée au pouvoir des Talibans. Je tiens à remercier particulièrement Cécile Oumhani, qui a joué un rôle essentiel dès le début de ce mouvement, en faisant connaître notre appel à travers le monde, en rassemblant et en traduisant les poèmes, puis en nous mettant en contact avec la maison d’édition Oxybia qui publie cette anthologie.Sa présence dans notre mouvement nous a beaucoup aidés à faire de Baamdaad une vraie force.

Mes sincères remerciements vont à notre éditrice Carole Carcillo Mesrobian, à Franck Merger, Anne Vegter, Nozomu Shibata, Juichi Noguchi et Janny Diery pour l’aide qu’ils ont apportée pour la traduction et la publication de cette anthologie.

Ce recueil est porteur de la protestation d’une communauté unie de poètes et de personnes qui dénoncent vigoureusement des actes inhumains à travers la force de leurs poèmes. J’exprime ma profonde gratitude à toutes celles et tous ceux qui nous ont rejoints. J’espère que ce mouvement continuera et que nous verrons une solidarité plus grande encore. Unissons tous les poètes du monde dans notre combat contre la censure et la répression, au-delà des frontières de la géographie.

Sans votre soutien, ce livre n’existerait pas.

J’embrasse chaleureusement tous les poètes qui ont partagé leurs poèmes avec nous. Votre solidarité nous est infiniment précieuse.

Contre la censure et la répression,

Somaia Ramish

Remerciements aux traductrices et traducteurs :

Nathalie Bontemps a traduit de l’arabe vers le français le poème de Golan Haji. Ses deux premiers livres, « La cité des déviations » et « Hôtel coup de soleil » (P’tits papiers, 2005 et 2008), évoquent Marseille, où elle s’installe en 1999. En 2003 elle déménage à Damas, et traduit d’abord, de l’arabe, de la littérature libanaise, poésie et roman.

Elizabeth Guyon Spennato et Benyamin Aghhavani-Shajari ont traduit les dix poèmes afghans de ce livre, du persan dari vers le français.
D’origine italienne (île d’Ischia, Elizabeth Guyon Spennato compose ses poèmes en chinois traditionnel et en italien. Huit de ses livres ont été publiés dont 
Regards Persans, l’âme d’une génération. À Taïwan, où elle a étudié, ses poèmes paraissent régulièrement dans le magazine historique de poésie Li poetry.

D’origine persane, Benyamin Aghhavani-Shajari est enseignant-chercheur en sciences de gestion et de management. Depuis l’enfance, il fréquente le monde de la poésie grâce à son père, poète.

Dora Latiri est née en Tunisie en 1957. Elle est universitaire, écrivaine, photographe, et membre du Parlement des Écrivaines francophones. Elle vit en Angleterre. Elle a traduit dix poèmes de l’anglais vers le français, dont certains écrits dans d’autres langues via l’anglais.

Timour Muhidine qui a traduit du turc vers le français le poème de Omer Erden est directeur de la collection « Lettres turques » chez Actes Sud. Il enseigne la littérature turque à l’Inalco, il est aussi romancier et traducteur, notamment de Nedim Gürsel et de Ahmet Hamdi Tanpinar.

Cécile Oumhani a traduit vers le français assurant la traduction de près de cinquante-cinq poèmes de ce livre, certains depuis l’anglais et les autres par le biais de leur traduction en anglais. Elle est poète et romancière.

Nulle prison n’enfermera ton poème : prix unitaire 13 €

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